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Papillon…une poésie courte et intense

Poème

Papillon

J’avais un papillon

Autrefois,
Entre les doigts
J’avais un papillon.

J’étais une ruche à bois
Autrefois
Autrefois,
J’étais quoi.

Qui connaît la question secrète ?

Qui connait l’invité ?

Le vent a tout tourné
Le papillon et le bois,
D’autrefois,
Ne reste pas
Ni l’invité, ni le secret.

Humeurs…

***

 

Le monde est pourri, le monde est coincé. Réserve naturelle de clowns en sursis, le monde est un théâtre de gigolos mal baisés. Balayés d’un revers de main divine, d’un revers de main de pantin, les survivants sont des chômeurs expulsés par le Pole-Emploi. Nous sommes le monde. Et nous allons mourir. Bientôt.

Une minute avant le dernier souffle. Une seconde avant l’oubli.

Je prends, je donne, je vérifie, je compte, j’oublie, je recommence. D’ailleurs, Personne ne s’en soucie. Le monde est une salope et tout le monde dit oui. Dans son sourire de marbre se baignent des enfants.

Encourageons-la, cette fille facile, cette vagabonde, encourageons la, donnons-lui ce pain quotidien, ce repas, ce festin, donnons-lui des morceaux de bravoure et des restes d’Attila. Donnons-lui tout, soyons généreux, offrons lui ce qui nous compose car nous sommes, tous réunis, qu’une purée infime de ce que ce monde aurait pu être.

Mais en attendant, nous sommes ce monde. Un dessin sans face et sans reflet. Un atome égaré. Une chute de rein brisée.

Le monde est fatiguant et personnel. On sensibilise, on se querelle, cherche le pou dans la tête du voisin, se promène tout nu avec son chien. Le monde est une supercherie, où l’on nous fait croire que la place donnée, trouvée est un destin.  Chaque image de ce monde n’est qu’un mensonge bien habillé. Chaque parole de Dieu le Père est fourvoyée, erronée, trompée. Dans le silence des recueillements, nous entrevoyons la sortie, une lueur vers le dehors, vers la fin de ce cauchemar.

Le monde s’agenouille pour prier, pour sucer, pour espérer. Bercé d’illusions, rêvant d’avant, pleurant d’ailleurs. Le monde est une salope. Ses tendances dictées par le plaisir. La quête éternelle vers le plaisir nous a corrompus. Nous sommes des restes de ce que nous aurions pu être.

Le monde est une lopette, un frein sur deux pattes, une aventure invraisemblable. C’est un livre inachevé. Une tortue en route pour la mer, dans le sens inverse, vers les lumières de la ville, croyant tenir la bonne destinée.

Creuset de vomi, aux sillons mal définis. Le monde est factice, sans arrière-goût, sans mémoire. On y dort, on y vit, on y meurt. On parle de rien. On numérote nos souvenirs. On crée du vide pour  étouffer le rien.

Mais ce monde c’est le mien. En attendant d’y mourir, je reviens. En attendant la fin, j’y survis. Dans ce monde je suis née. J’y ai enfanté. J’ai creusé moi aussi les sillons mal définis que parcourent nos âmes. Je cautionne sa déchéance par mon silence et mon impuissance.

Je veux bien encore un peu de bravoure et un reste d’Attila pour quelques jours encore.

Pour patienter.

Pour agir peut-être…

Et ne pas laisser ce monde comme je l’ai trouvé en arrivant.

Clic Ahuri

Poésie

Clic ahuri

C’est Un soir qui tombe sans bruits
Sur le sol noir de minuit
Tape le froid du carrelage et rit,
et meurt dans un silence ahuri.
Personne dans la cuisine.
Personne ici.

Pas un souffle
Pas une ruine.
Pas Un écho qui rebondit.
Rien qu’une fille qui séduit.

Une aventure est passée
dans une calèche maculée
limpide comme une stèle
aveuglante comme l’été.

C’est ainsi depuis son départ,
une poupée aux milles traits
dessinés,
C’est ainsi tous les soirs
Depuis qu’elle a déserté.

Son air joué du bout des lèvres
Sur une flûte ensorcelante
Mêlait des mots de miel,
A la place vacante.

Alors, clic, tour de clé,
Et, clac, porte qui claque,

Quelque part s’envole le triste clown,
Quelque part s’endort la voix volée,
Quelque part on s’en retourne,
Quelque part, on a espéré.

 

Barbara D. Raux, artiste membre du Pôle d’Arts La Fourmilière et de l’association PLUME.